Un jour de septembre

Publié le par david castel

Samedi 28 Janvier 2006
- Un des terroristes de la prise d'otages d'"Un jour de septembre'' 1972 à Munich - © Memento Films -
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Un des terroristes de la prise d'otages d'"Un jour de septembre'' 1972 à Munich - © Memento Films
Documentaire de Kevin Macdonald (Grande-Bretagne) - Durée : 1 h 32

J.O. de Munich, 5-6 septembre 1972. Huit Palestiniens tuent deux athlètes israéliens dans le village olympique et en détiennent en otages neuf autres. Ils exigent la libération de 236 prisonniers politiques. Israël refuse. Débutent alors des négociations qui n’aboutiront pas. 21 heures plus tard, la prise d’otages se terminera dans un bain de sang.

Jacky BORNET
Publié le 25/01 à 00:00
La critique
- Ankie Spitzer, épouse d'un des otages de Munich, dépose des fleurs sur sa tombe : ''Un jour de septembre'' - © Memento Films -
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Sorti en 2000 et lauréat du meilleur documentaire aux Oscars, Un jour de septembre vaut sans doute sa distribution tardive en France, à la sortie, le même jour, du film de Steven Spielberg, Munich, sur les événements qui suivirent la tragique prise d’otages des Jeux Olympiques de 1972. Il en constitue le parfait complément et inversement.

Ces J. O. de Munich virent pour la première fois la retransmission en direct des compétitions par toutes les chaînes de télévisions du monde. Mais le sport va laisser place à la terreur, les caméras quittant les stades pour se braquer sur l’immeuble où sont détenus les otages. Parfois un visage apparaît dans l’embrasure d’une fenêtre. On voit aussi le porte parole du commando en bas du bâtiment parlementer avec des membres des forces de l’ordre allemandes. Autant dire que le matériel filmique est abondant, mais il n’était jamais ressorti des cartons avant l’ initiative de réaliser Un jour de septembre.

Si son réalisateur Kevin McDonald a sélectionné les images les plus parlantes alors tournées par les télévisions du monde entier, il a complété son film avec des photographies de Raymond Depardon, alors photographe de presse sur place, et des interviews exceptionnels. Il est en effet parvenu à questionner l’épouse d’un des otages abattus, le ministre allemand de l’Intérieur de l’époque, jusqu’au seul des huit terroristes palestiniens encore vivant. Cela ne s’est pas fait sans mal et des questions ont du être éludées. Il n’en reste pas moins que le film de Kevin McDonald retrace avec une précision infaillible les vingt et une heures éprouvantes que dura cette prise d’otages qui devait donner un visage nouveau au terrorisme international et à ses motivations.

Le commando présupposait sans doute que ses revendication ne (''Un jour de septembre''seraient pas honorées par Israël. Comme l’explique le terroriste interviewé, l’objectif est ailleurs : révéler à la face du monde la réalité palestinienne qui ne parvient à se faire entendre. Si l’objectif est atteint, il coûtera la vie de tous les otages et de cinq membres du commando. Mais un autre aspect est développé dans Un jour de septembre. Celui du désarrois des forces de l’ordre allemandes, totalement désorientées par un événement inédit qui, de plus, est retransmis en direct à la télévision.

Le film de Kevin McDonald démontre avec éloquence combien la crise a été mal gérée par les autorités allemandes. D’abord en refusant l’aide israélienne proposée par Golda Meir, alors Premier ministre, puis en improvisant au coup par coup des stratagèmes qui s’avéreront des échecs successifs. Comme cette tentative de prise d’assaut par des tireurs d’élites qui devront rebrousser chemin au dernier moment, apprenant que les terroristes suivent leur évolution à la télévision... Des échecs qui conduiront au tragique fiasco final sur l’aéroport militaire de Munich. Le piège mis en place sera rapidement déjoué par les terroristes et l’embuscade policière s’avère mal préparée, pour se terminer dans une fusillade tragique où les neuf otages périront, ainsi que cinq terroristes.

M ais l’affaire ne s’arrête pas là, avec une nouvelle prise d’otages, aérienne cette fois, en octobre de la m ême année. Son authenticité est des plus suspectes et s’apparente à un leurre permettant aux autorités allemandes de se débarrasser des trois terroristes encore vivants détenus dans leurs geôles. Interviewé sur ce point, le ministre de l’Intérieur de l’époque apparaît bien embarrassé. Il ne lâche pas grand chose, sinon qu'il bafouille que c’était « la manière d’agir de Willy Brandt », le chancelier alors en fonction. Éloquent.

Mercredi 25 Janvier 2006

 
One day in september
 
Royaume-Uni, 1999
   
Genre : Documentaire
Durée : 92 min
Format du film : 35mm
Format image : 1.85
Couleur & noir et blanc
Sortie salles françaises : 25/01/2006
   
resumé
1972. Jeux Olympiques de Munich. 121 nations, 7 123 athlètes. Pour la première fois, les chaînes de télévision du monde entier sont là pour retransmettre en direct l’évènement. Des millions de spectateurs découvrent bientôt l’impensable : un groupe de terroristes palestiniens vient de prendre en otage onze athlètes israéliens et exige la libération de 200 prisonniers politiques. Démarre alors un infernal compte à rebours. 30 ans plus tard, de nombreux témoins, dont l'un des terroristes rescapés, éclairent d’une lumière nouvelle cet évènement.
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Affiche du fim Un jour en septembre
Moyenne de la rédaction et des abonnés
8/10
  8/10
  Par Laurent Pécha.
 
 
Plus de 6 ans après sa première diffusion aux Etats-Unis, Un jour en septembre débarque dans nos salles le même jour que Munich de Steven Spielberg. Un sortie conjointe d’une logique et justesse évidente puisque les deux œuvres parlent d’un même drame, celui qui bouleversa le monde aux JO de Munich en 1972 lorsqu’un groupe de terroristes palestiniens prie en otage des athlètes israéliens ; une prise d'otages qui se termina dans un bain de sang puisqu’elle vit la mort de tous les athlètes et de cinq des terroristes.

Alors que le film de Spielberg raconte l’après Munich et la vengeance de l’Etat d’Israël vis à vis des commanditaires de la prise d’otages, le documentaire de Kevin MacDonald (La mort suspendue) s’évertue à reconstituer avec minutie les événements tragiques du 5 et 6 septembre 1972. Grâce à un travail colossal effectué sur la base d’archives souvent peu vus ou connus (des milliers d’heures des JO à visionner pour sélectionner et recréer avec brio l’ambiance et l’état d’esprit de l’époque) et surtout une persévérance de tous les instants qui lui permet de faire parler bon nombre de personnes directement impliquées dans l’affaire – à commencer par l’unique rescapé du commando palestinien, le cinéaste dresse le constat effrayant d’un drame qui n’aurait jamais du arriver.

Si dans Munich, Spielberg ne prend jamais réellement partie, MacDonald fait de son Un jour en septembre, un réquisitoire confondant sur les lacunes du gouvernement et la police allemande, incapables de bout en bout de gérer correctement la situation de crise. C’est ainsi que médusé, on assiste à des séquences qui paraissent presque irréelles : un commando cigarette au bec qui s’apprête à lancer l’assaut alors même qu’il est filmé par les télévisions présentes et que les images capturées sont visibles par les terroristes, des tireurs d’élite qui n’en sont pas vraiment puisque choisis au sein de policiers qui aiment bien s’entraîner à leurs heures perdues, une absence totale de communication lors de l’assaut à l’aéroport qui provoque en grande partie le carnage meurtrier.

Ne reculant devant aucune image choc (insoutenables plans des cadavres des athlètes et des terroristes), jouant habilement avec le contraste saisissant d’un monde sportif presque (trop ?) insouciant de la situation tragique qui se déroule sous leurs yeux (incroyable plan séquence aérien partant du village olympique où les athlètes se distraient pour finir quelques dizaines de mètres plus loin sur l’immeuble où les otages sont retenus captifs et où se pressent des centaines de journalistes) et sachant avec un art cinématographique développé – l’efficace bande-originale - rendre spectaculaire sa démonstration, Un jour en septembre, Oscar du meilleur documentaire en 2000, s’impose donc comme un complément idéal voire primordial au Munich de Spielberg.
Critique rédigée le 25/01/2006
Mercredi 25 Janvier 2006
Dominique Borde
[25 janvier 2006]

UN HÉLICOPTÈRE carbonisé recouvert de neige carbonique avec de gros numéros plantés sur les cadavres des sportifs assassinés. C'est l'une des images-chocs du documentaire Un jour en septembre qui retrace chronologiquement la prise d'otages des onze athlètes israéliens par huit terroristes palestiniens dans le village olympique de Munich, le 5 septembre 1972, les tractations et finalement la fusillade et les explosions sur la base aérienne qui ne laissèrent que trois terroristes survivants.


A l'aide d'images d'archives venues du monde entier et avec des témoignages inédits comme celle du seul terroriste encore en vie, on suit toutes les phases de l'événement, sa violence, les horreurs de l'épilogue et surtout la désorganisation et les maladresses accumulées des autorités allemandes dépassées par ce premier acte terroriste. Radioscopie d'un massacre et analyse d'un désastre, ce documentaire produit par Arthur Cohn et réalisé par Kevin MacDonald en 2000 sort maintenant en France, opportunément la même semaine que Munich de Spielberg, dont il pourrait être le prologue.


Arthur Cohn raconte la conception du film en insistant sur son indispensable authenticité. «L'une des conditions pour réaliser un documentaire de ce genre était d'y faire intervenir les protagonistes. Nous avons donc mis huit mois pour retrouver et convaincre des gens comme le chef de la police de Munich, le directeur du Comité olympique ; Ankie Spitzer, la veuve du champion d'escrime tué dans l'attentat, ou le chef des services secrets israéliens. Mais pour rester objectif, il fallait une présence palestinienne. Après un nombre incalculable de rendez-vous manqués, nous avons réussi à faire venir et à interviewer à Amman Jamal al-Gashey, le seul terroriste palestinien survivant (les deux autres ayant été tués par le Mossad), caché en Afrique et recherché depuis vingt-cinq ans par Israël. Il s'explique et déclare froidement : «Je ne regrette absolument rien... Grâce à nous la cause palestinienne a été mise en lumière !» Ce sont des témoignages comme celui-ci qui font la qualité de notre film. Nous avons d'ailleurs pris soin de consacrer le même temps d'intervention aux Israéliens et aux Palestiniens.»


Des autorités incapables de faire face


En revanche, le documentaire dresse un véritable réquisitoire contre les autorités allemandes incapables de maîtriser l'événement et de faire face à cette première action terroriste sur leur sol. Avec l'impossibilité de faire intervenir l'armée, les Allemands refusèrent l'aide d'Israël et firent appel à cinq tireurs inexpérimentés ; ils découvrirent le nombre de terroristes uniquement sur l'aéroport, les routes qui y menaient n'étaient pas dégagées pour l'arrivée des secours, ordres et contre-ordres se succédèrent et détail atroce : le 6 septembre à 0 h 30, le gouvernement fit annoncer que tous les otages étaient vivants et libérés pour révéler une demi-heure plus tard qu'ils avaient tous été tués.


«Le film démontre que les autorités se sont mal comportées, note Arthur Cohn. Mais il faut préciser que le désordre et la précipitation furent provoqués par le Comité olympique qui faisait pression pour voir partir au plus vite les terroristes et leurs otages et pouvoir continuer les Jeux. Il est vrai aussi qu'en octobre 1972, à la suite d'une prise d'otages aérienne assez suspecte, les autorités allemandes se sont empressées de libérer les trois terroristes survivants qui furent expatriés en Libye. Pourtant, à notre surprise, notre film a été très bien accueilli en Allemagne. A tel point que neuf mois après sa sortie, le gouvernement a donné des millions pour indemniser les parents des victimes de Munich.»


Sorti également en Angleterre, aux États-Unis, au Japon, en Italie et en Australie, Un jour en septembre a connu un grand succès et a été couronné de plusieurs récompenses dont l'oscar du meilleur documentaire. Rançon de sa rigueur et de cette authenticité revendiquée par les auteurs. Maintenant, la France va pouvoir juger sur pièces ce massacre vieux de trente-trois ans remis sur le devant de l'actualité avec le film de Spielberg. Mais sur cette suite plus discutable, Arthur Cohn refuse de porter un jugement. Il y a entre ces deux visions le fossé infranchissable qui sépare un événement commenté d'une histoire reconstituée.

Mercredi 25 Janvier 2006
Eric Bana est Avner, le chef du groupe d'agents secrets.
(Photo DR)
Jean-Luc Wachthausen
[25 janvier 2006]

UN FILM de fiction, Munich, «inspiré de faits réels» et réalisé dans le plus grand secret par un cinéaste emblématique, Steven Spielberg, et un documentaire historique, Un jour en septembre, réalisé par Kevin MacDonald nous renvoient brutalement à la tragique prise d'otages qui ensanglanta les Jeux olympiques de Munich, il y a trente-trois ans.


Dans la nuit du 4 au 5 septembre 1972, huit terroristes palestiniens du commando Septembre noir pénètrent dans le village olympique et séquestrent onze athlètes israéliens parmi lesquels deux sont abattus pendant l'opération. En échange de la vie de leurs otages, ils exigent la libération de 243 prisonniers palestiniens... Les tractations commencent dans la plus grande confusion entre le chef du commando, les autorités allemandes et le gouvernement israélien qui refuse toute libération.

Après le fiasco, les représailles de Golda Meïr


Ponctuée par de multiples ultimatums, la journée s'achève dans l'angoisse lorsque le commando réclame un bus et deux hélicoptères pour aller à l'aéroport où les attend un Boeing de la Lufthansa. Sur le tarmac, cinq policiers allemands vont tirer sur les terroristes et déclencher un carnage. Bilan : onze otages israéliens abattus, cinq Palestiniens et un policier allemand tués et un pilote blessé.


Un fiasco qui débouche sur une tragédie avec laquelle Steven Spielberg ouvre son film avant de s'intéresser aux représailles lancées par Golda Meïr. Avec l'opération «Colère de Dieu», le premier ministre israélien entend venger les morts de Munich en envoyant en Europe des agents du Mossad chargés de traquer et de supprimer les «cerveaux» de l'opération, soit onze personnes.



Mais s'il adopte le genre spectaculaire du thriller, le cinéaste américain s'interroge sur le bien-fondé de la vengeance politique et se retrouve vivement critiqué aux États-Unis et en Israël où certains responsables estiment qu'il est moralement condamnable en renvoyant dos à dos Palestiniens et Israéliens.


Dans une interview au magazine allemand Der Spiegel, Steven Spielberg rétorque. «Je ne suis pas prétentieux au point d'affirmer que je délivre un plan de paix pour le Proche-Orient avec mon film. Mais est-ce une raison pour laisser le champ libre à ceux qui simplifient tout ? Aux Juifs et aux Palestiniens extrémistes qui considèrent jusqu'à aujourd'hui toute forme de solution par la négociation comme une sorte de traîtrise ? Est-ce une raison pour se taire, juste pour ne pas avoir d'ennuis ?», s'interroge-t-il.


Refusant de «donner des réponses simples à des questions compliquées», le cinéaste insiste sur le «puissant médium qu'est le cinéma pour amener le public à une confrontation très intime sur un thème qu'on ne connaît généralement tout au mieux que de manière abstraite». En revanche, dans son documentaire choc, Un jour en septembre, le Britannique Kevin MacDonald donne quelques réponses, souvent effrayantes, sur les causes de cette prise d'otages qui tourna mal.

Un cafouillage qui fait froid dans le dos


A l'aide d'images d'archives et de témoignages, notamment ceux du ministre allemand de l'Intérieur de l'époque, Hans-Dietrich Genscher, du chef de la police de Munich, Manfreid Schreiber et du seul terroriste survivant, Jamal al-Gashey réfugié en Afrique (lire ci-dessous), on suit heure par heure toutes les étapes de cette tragédie qui soulève les énormes erreurs des autorités allemandes. Au-delà des faits et de cet énorme cafouillage qui fait froid dans le dos, Un jour en septembre donne la parole aux familles des victimes israéliennes qui, après avoir vécu l'horreur en direct, avaient été informées que tous les otages étaient bien vivants...


Mercredi 25 Janvier 2006



CRITIQUE
© DR
Manif pendant les JO de Munich. Dans la débandade générale, chacun chercha à protéger ses intérêts.
Un jour en septembre
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Plus de trente ans après, le mérite de ce film (oscar du meilleur documentaire... en 1999) est de démêler les tenants et les aboutissants de cet événement tragique, plus embrouillé qu'il n'y paraît. Rappelons les faits : à l'aube du 5 septembre 1972, au cœur du village olympique, un commando de Palestiniens prend en otages onze athlètes israéliens, exigeant la libération de deux cent trente-six prisonniers politiques. Le soir même, après une vingtaine d'heures de tractations, la totalité des otages ainsi que cinq terroristes meurent dans une fusillade confuse, sur la base aérienne militaire de Munich.

Retracer, comme dans un thriller, le déroulement et les rebondissements de cette journée, c'est le but recherché par Kevin Macdonald. Le réalisateur britannique s'appuie sur des documents (photos, images d'archives) et des témoignages recueillis auprès de témoins directs – dont un membre du commando qu'il a retrouvé ! – ou de proches de disparus. Du montage heurté à la musique dopante (de Led Zeppelin à Craig Armstrong), tout est réuni pour un compte à rebours captivant. Par souci d'objectivité (ou refus de prendre position ?), le réalisateur prend en compte le point de vue de tous ceux qui étaient présents sur place, Palestiniens et Israéliens bien sûr, mais aussi organisateurs des jeux Olympiques, journalistes, hommes politiques allemands, etc.

On découvre un théâtre violent, grotesque, parfois indécent, et surtout une débandade généralisée où chacun défend piteusement son pré carré. Ce jour noir marque aussi un double avènement : celui du terrorisme moderne, l'acte spectaculaire qui frappe tous les esprits, et celui d'une nouvelle télévision, avide de sensationnel, qui agit sur ce qu'elle filme – on découvre notamment comment le projet d'une prise d'assaut échoue lamentablement à cause des images diffusées sur le petit écran. Personne ne sort grandi de l'affaire, et surtout pas les autorités allemandes, qui furent terriblement inconséquentes face au drame. C'est sur ce terrain-là que l'enquête est la plus mordante. En élargissant le champ de la culpabilité, Un jour en septembre montre la prise d'otages de Munich comme la fin d'une certaine innocence.


Jacques Morice


(One day in September). Film documentaire anglais (1h32). Réalisation : Kevin Macdonald.


Télérama n° 2924 - 28 janvier 2006

Publié dans Munich Selon Spielberg

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