Il faut davantage de « normalisation » entre Palestiniens et Israéliens

Publié le par david castel

[Souvent, du côté palestinien, les projets communs de coopération
israélo-palestiniens sont critiqués par les radicaux, en général pour «
collaboration » (avec l¹ennemi). Walid Salem, qui travaille depuis de
nombreuses années à des projets de ce type, répond à ses détracteurs
palestiniens. A noter qu¹il y a deux ans, il a publié un article en réponse
au président iranien Ahmadinejad qui avait déclaré vouloir « rayer Israël de
la carte » : http://www.lapaixmaintenant.org/article1177]
 
 
Daily Star (Beyrouth), 21 novembre 2007
article diffusé à l¹origine par Bitterlemons (www.
bitterlemons-international.org) puis par MiddleEastWeb
 
http://www.dailystar.com.lb/article.asp?edition_id=1&categ_id=5&article_id=8
6915
 
Il faut davantage de « normalisation » entre Palestiniens et Israéliens
Walid Salem*
 
Traduction : Gérard pour La Paix Maintenant
 
 
Dans le monde arabe et musulman, on considère la normalisation comme un
processus consistant à établir des relations réciproques avec Israël dans
tous les domaines, politique, économique, social, culturel, éducatif,
judiciaire et sécuritaire. Ceux qui s¹opposent à une telle « normalisation »
se divisent en deux groupes : pour les uns, Israël a été créé sur une terre
musulmane et palestinienne aux dépens du peuple palestinien, véritable
propriétaire de la terre, qui en conséquence est devenu réfugié hors de son
pays. Pour les autres, la « normalisation » est acceptable, mais seulement
après qu¹Israël se sera retiré des territoires palestiniens et des autres
territoires arabes qu¹il occupe depuis 1967. Certains ajoutent que le droit
au retour des réfugiés palestiniens en Israël proprement dit (soit dans les
frontières de 1967, ndt) devra être mis en ¦uvre avant toute normalisation.
 
Alors que le débat avec le premier groupe se déroule sur le plan
idéologique, la discussion avec le second est de nature politique. D¹une
part, il s¹agit du prix à payer et des concessions réciproques qui doivent
être faites pour parvenir à la paix. De l¹autre, il s¹agit du processus de
paix et de la question de savoir si ce processus doit ou non inclure une
forme quelconque de dialogue et de contact avec l¹autre côté.
 
Mais peut-on qualifier de « normalisation » les formes actuelles de contact
et de dialogue entre les deux côtés ? Par définition, une normalisation ne
peut intervenir qu¹entre deux Etats. L¹Etat palestinien n¹existant pas, ce
type de normalisation n¹est pas encore possible. Mais alors, quels sont les
buts des formes actuelles de contact et de dialogue s¹il ne s¹agit pas de
normalisation ?
 
Les contacts ont commencé entre membres de groupes marxistes des deux côtés,
dès la création de l¹Etat d¹Israël. Ces contacts étaient en continuité avec
leurs relations de camaraderie entre membres de mêmes partis politiques
avant 1948. Les contacts officiels de l¹OLP avec Israël ont commencé dans
les années 70, avec ce qu¹on appelait à l¹époque « les mouvements juifs qui
soutiennent les droits du peuple palestinien. » Ces contacts officiels ont
évolué avec les objectifs palestiniens tels qu¹ils étaient définis par L¹OLP
: de la « libération de toute la Palestine » à l¹acceptation de « la
création d¹une Autorité nationale sur tout territoire libéré » (résolution
du Conseil national palestinien, 1974) puis à « la création d¹un Etat
palestinien à côté d¹Israël (résolution du Conseil national palestinien,
1988).
 
Avant la Déclaration de principes israélo-palestinienne de 1993 (Oslo), les
contacts israélo-palestiniens se déroulaient à deux niveaux : des
négociations secrètes entre représentants officiels des deux côtés, et des
négociations entre universitaires et dirigeants d¹ONG. Ces deux pistes
suivies avaient pour objectif de chercher les moyens de mener à bien la
solution de deux Etats. Ainsi, pour un certain nombre de Palestiniens, ces
deux formes de contact représentaient une forme de lutte pour les droits des
Palestiniens.
 
En plus de ces deux pistes, il y a toujours eu, depuis 1967, une troisième,
la « piste de la solidarité », qui a vu et voit encore des organisations
israéliennes de gauche mener des actions en solidarité avec le peuple
palestinien.
 
Après les accords d¹Oslo, de nouvelles approches se sont développées,
impliquant des contacts de personnes à personnes. Une étude réalisée par
l¹auteur de ces lignes a montré que ces approches nouvelles comprennent a)
l¹approche par le contact humain dans différents secteurs, comme les
universitaires, les jeunes, les femmes, etc. ; b) l¹approche par « le soin
par la réconciliation », qui concerne surtout les familles endeuillées ; et
c) la « coordination et la préparation de chacune des opinions publiques »
avec pour objectif de consolider le soutien à des accords de paix suggérés,
approche qui a conduit à la déclaration Nusseibeh-Ayalon (1) et à
l¹Initiative de Genève.
 
Cette troisième catégorie est une sorte d¹engagement politique qu¹on peut
accepter ou refuser, mais on ne peut en aucun cas la qualifier de «
normalisation », surtout si ce terme sert à accuser de collaborer avec
l¹autre côté aux dépens du peuple palestinien. La deuxième approche consiste
à rapprocher des familles endeuillées pour soigner leurs blessures. En tant
que telle, elle peut contribuer à créer davantage de compréhension entre des
gens issus des deux peuples, qui, à leur tour, aideront à bâtir la paix
entre les gens et non plus seulement entre les dirigeants.
 
La première approche est celle qui a suscité le plus de critiques. La
critique la plus communément exprimée est que des projets de cette sorte
créent une fausse image de relations « normales » (différente de la
normalisation définie plus haut), comme s¹il n¹y avait ni occupants ni
occupés, et comme si les deux côtés étaient en quelque sorte sur un pied
d¹égalité. Beaucoup de ces critiques ont d¹ailleurs été formulées par les
initiateurs de ces projets eux-mêmes, qui se sont fixé pour but de modifier
les projets futurs afin de ne jamais biaiser la réalité, mais plutôt de
travailler dans le contexte de cette réalité pour une solution qui ne soit
aux dépens ni de l¹un ni de l¹autre des côtés.
 
Au-delà de la rhétorique politique et des accusations, la plupart des
Palestiniens qui s¹engagent dans des projets communs le font parce qu¹ils
sont persuadés qu¹il s¹agit d¹une manière de parvenir à la solution de deux
Etats. Et ils considèrent également que l¹autre côté croit sincèrement à la
même chose. Par conséquent, ils ont le sentiment que le fait de boycotter ou
d¹éviter de travailler avec ces groupes israélo-palestiniens nuit à la
solution de deux Etats.
 
Il ne s¹agit pas ici de dire que les relations entre les deux côtés sont
faciles. Les Palestiniens engagés dans ces projets sont des patriotes, comme
le sont les Israéliens. Souvent, cela crée de fortes tensions avant que les
deux groupes trouvent un quelconque terrain d¹entente.
 
Malgré ces difficultés, cette approche demeure une voie vers la solution de
deux Etats. Le problème n¹est pas que ces actions communes existent, mais
qu¹il n¹en existe pas assez pour véritablement peser sur la balance.
 
 
(1) Voir le texte de la déclaration Nusseibeh-Ayalon :
http://www.lapaixmaintenant.org/communique186
 
 
* Walid Salem dirige la Society for Democracy and Community Development à
Jérusalem Est. Il est l¹auteur de nombreux ouvrages et articles sur la
démocratie, la citoyenneté, le développement de la société civile, la paix
israélo-palestinienne et les réfugiés.
 
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
R
There are actually as number of cleaning industry experts as there are actually things to clean up. If you require someone to undertake basic domestic tasks, just like dusting, cleaning, sweeping, plus vacuuming, you are in all likelihood considering a personal housekeeper and also regular cleaning service service.
Répondre