Mahmoud Abbas au Hamas : "J¹ai le pouvoir de destituer le gouvernement"
http://www.haaretzdaily.com/hasen/spages/708795.html
Ha¹aretz, 24 avril 2006
Mahmoud Abbas, président de l¹Autorité palestinienne, a déclaré lundi dans
une interview qu¹il avait la compétence nécessaire pour destituer le
gouvernement nouvellement élu du Hamas, et a averti le gouvernement qu¹il
n¹avait pas d¹autre choix que de négocier avec Israël. "D¹après la
constitution, je dispose clairement de la compétence pour destituer un
gouvernement, mis je ne souhaite pas m¹en servir. Chacun doit savoir que de
par la loi, je dispose de ce pouvoir", a déclaré Abbas dans une interview à
CNN Turquie enregistrée avant son arrivée dimanche à Ankara.
En réponse à une question sur l¹éventualité d¹une destitution du
gouvernement du Hamas par Mahmoud Abbas, un haut responsable du Hamas a
déclaré que le mouvement "ne resterait pas silencieux" et a menacé de ne
plus respecter la trêve avec Israël. "Nous partirons, mais nous ne
reconnaîtrons pas le régime politique palestinien. Nous ne participerons
plus à aucune élection, nous passerons à la clandestinité, comme nous
l¹avons fait auparavant, et nous ne respecterons aucun accord ni aucune
trêve, signés par quiconque. Si l¹on nous fait tomber, cela coûtera cher à
tout le monde. Nous espérons ne pas en arriver là". Ce responsable a requis
l¹anonymat, n¹étant pas autorisé à aborder ce sujet avec les médias.
Mahmoud Abbas a également déclaré que le Hamas devait affronter les faits et
négocier avec Israël, car sinon, le peuple palestinien serait affamé, les
Etats-Unis et l¹Europe ayant coupé leur aide économique du fait du refus du
Hamas de reconnaître Israël et de renoncer à la violence. "Le Hamas doit
affronter les faits et établir une communication avec Israël ", a-t-il dit.
"Je crains que dans un avenir proche, la situation tourne à la tragédie. Il
se pourrait que dans un délai très court, nous ayons à affronter une famine
en Palestine". "Sans aide [internationale], nous ne pourrons pas tenir",
a-t-il ajouté.
Abbas a fait part de sa détermination à travailler à une solution, avec ou
sans le Hamas. "Le Hamas peut me soutenir, ou pas. Quand je trouverai une
solution avec Israël, je la proposerai au peuple palestinien par référendum.
Le peuple palestinien est au-dessus du Hamas et de tous les autres
politiciens".
Ha¹aretz, 24 avril 2006
Mahmoud Abbas, président de l¹Autorité palestinienne, a déclaré lundi dans
une interview qu¹il avait la compétence nécessaire pour destituer le
gouvernement nouvellement élu du Hamas, et a averti le gouvernement qu¹il
n¹avait pas d¹autre choix que de négocier avec Israël. "D¹après la
constitution, je dispose clairement de la compétence pour destituer un
gouvernement, mis je ne souhaite pas m¹en servir. Chacun doit savoir que de
par la loi, je dispose de ce pouvoir", a déclaré Abbas dans une interview à
CNN Turquie enregistrée avant son arrivée dimanche à Ankara.
En réponse à une question sur l¹éventualité d¹une destitution du
gouvernement du Hamas par Mahmoud Abbas, un haut responsable du Hamas a
déclaré que le mouvement "ne resterait pas silencieux" et a menacé de ne
plus respecter la trêve avec Israël. "Nous partirons, mais nous ne
reconnaîtrons pas le régime politique palestinien. Nous ne participerons
plus à aucune élection, nous passerons à la clandestinité, comme nous
l¹avons fait auparavant, et nous ne respecterons aucun accord ni aucune
trêve, signés par quiconque. Si l¹on nous fait tomber, cela coûtera cher à
tout le monde. Nous espérons ne pas en arriver là". Ce responsable a requis
l¹anonymat, n¹étant pas autorisé à aborder ce sujet avec les médias.
Mahmoud Abbas a également déclaré que le Hamas devait affronter les faits et
négocier avec Israël, car sinon, le peuple palestinien serait affamé, les
Etats-Unis et l¹Europe ayant coupé leur aide économique du fait du refus du
Hamas de reconnaître Israël et de renoncer à la violence. "Le Hamas doit
affronter les faits et établir une communication avec Israël ", a-t-il dit.
"Je crains que dans un avenir proche, la situation tourne à la tragédie. Il
se pourrait que dans un délai très court, nous ayons à affronter une famine
en Palestine". "Sans aide [internationale], nous ne pourrons pas tenir",
a-t-il ajouté.
Abbas a fait part de sa détermination à travailler à une solution, avec ou
sans le Hamas. "Le Hamas peut me soutenir, ou pas. Quand je trouverai une
solution avec Israël, je la proposerai au peuple palestinien par référendum.
Le peuple palestinien est au-dessus du Hamas et de tous les autres
politiciens".
publié par David CASTEL dans: Peace in Middle East
http://www.haaretz.com/hasen/spages/708066.html
Ha¹aretz, 23 avril 2006
par Nazir Majali (1)
Trad. : Gérard pour La Paix Maintenant
Il n¹y a pas de mots pour condamner l¹attentat méprisable à Tel-Aviv. Non
seulement parce qu¹il est contraire aux intérêts du peuple palestinien, non
seulement parce qu¹il sert les intérêts des va-t-en-guerre qui pullulent
dans notre région, mais, bien plus important, parce que la philosophie qui
le sous-tend est une philosophie qui est en train de détruire le peuple
palestinien. Philosophie morbide, qui préfère la mort à la vie. Philosophie
mensongère, soi-disant inspirée par Dieu et par l¹islam. Philosophie
raciste, fondée sur le principe du meurtre de juifs parce qu¹ils sont juifs,
principe partagé dans l¹Histoire par certains mouvements auxquels il est peu
agréable d¹être assimilé. Philosophie de criminels de guerre, dont le but
est d¹assassiner des passants innocents dans les rues, des gens venus
échanger au restaurant un argent durement gagné contre de la nourriture, des
femmes étrangères qui ont fait des milliers de kilomètres pour apporter un
peu de soutien à leurs familles, des personnes âgées qui ont décidé de
sortir de chez eux ce jour-là pour faire une promenade. Des gens que les
assassins ne connaissaient absolument pas, mais à la vie desquels ils se
sont autorisés à mettre fin. Des gens qui n¹avaient rien fait de mal.
Philosophie de la lâcheté, aussi. Si quelqu¹un veut combattre l¹occupation,
qu¹il s¹attaque à l¹armée d¹occupation, pas à des innocents dans la rue !
Du point de vue de la société palestinienne, c¹est une philosophie de
l¹autodestruction. Ceux qui ont envoyé ce jeune homme se faire exploser à
Tel-Aviv ont frappé leur propre peuple, de plusieurs manières. Ils tuent ce
jeune Palestinien et apportent le deuil à une famille dont le monde est
désormais dévasté. Et ce qui se dit des mères palestiniennes (qui soi-disant
glorifieraient le suicide de leurs enfants) est faux. Aucune mère ne
souhaite voir mourir son fils. Ils suscitent une réaction israélienne qui
frappe la famille, le village, les villages voisins, et peut-être le peuple
palestinien tout entier. Ils nourrissent chez les jeunes Palestiniens la
culture de la mort et non celle de la vie. Le résultat de cette éducation,
ce sera moins d¹espoir, moins d¹investissement dans les études et dans les
activités culturelles et scientifiques, moins d¹amour et davantage de haine.
En conséquence, tout Palestinien patriote doit condamner cet attentat et le
considérer comme du terrorisme anti-palestinien.
Il est clair que cela n¹exonère pas le gouvernement israélien et son armée
de sa part de responsabilité dans ce massacre. Leur comportement a
grandement contribué à augmenter le niveau du désespoir et de l¹aveuglement
qui créent cette armée toujours grandissante de kamikazes. Le terrorisme a
toujours ses raisons. Il est le résultat de l¹oppression qui dure depuis des
dizaines d¹années. Les Palestiniens sont désespérés. Ils sont sans cesse
victimes de punitions collectives et d¹humiliations qui ne connaissent
aucune limite. Du côté palestinien, il y a aussi des innocents qui meurent :
enfants, bébés, femmes, vieillards, des gens ordinaires qui se font tuer
sans avoir rien fait de mal. Pour chaque Israélien innocent tué, environ
quatre Palestiniens sont tués. Mais l¹argument du désespoir causé par les
actions israéliennes ne justifie pas le terrorisme. On ne peut pas justifier
le terrorisme. Cela dit, l¹impact de ces actions et leur contribution au
terrorisme ne peuvent être ignorées.
Israël doit, lui aussi, se débarrasser de cette philosophie de la mort, qui
ne s¹exprime pas par des attentats terroristes, mais par le bombardement de
la bande de Gaza, les fouilles de maisons, les assassinats ciblés (qui ne
sont jamais que des exécutions sans jugement), les arrestations de masse
(1.200 détentions administratives non motivées), les barrages routiers, les
bouclages, les humiliations, etc.
En tant que personne qui croit que les citoyens de son pays, les Israéliens,
et les Palestiniens, son peuple, vivront dans la paix, la sécurité et la
prospérité, j¹implore que soit changée du tout au tout cette politique
agressive qui n¹apporte que la destruction totale aux deux côtés.
(1) Citoyen arabe israélien, Nazir Majali est spécialiste des affaires
israéliennes pour plusieurs chaînes de télévision arabes et pour le
quotidien londonien en langue arabe Asharq Al Awsat.
Ha¹aretz, 23 avril 2006
par Nazir Majali (1)
Trad. : Gérard pour La Paix Maintenant
Il n¹y a pas de mots pour condamner l¹attentat méprisable à Tel-Aviv. Non
seulement parce qu¹il est contraire aux intérêts du peuple palestinien, non
seulement parce qu¹il sert les intérêts des va-t-en-guerre qui pullulent
dans notre région, mais, bien plus important, parce que la philosophie qui
le sous-tend est une philosophie qui est en train de détruire le peuple
palestinien. Philosophie morbide, qui préfère la mort à la vie. Philosophie
mensongère, soi-disant inspirée par Dieu et par l¹islam. Philosophie
raciste, fondée sur le principe du meurtre de juifs parce qu¹ils sont juifs,
principe partagé dans l¹Histoire par certains mouvements auxquels il est peu
agréable d¹être assimilé. Philosophie de criminels de guerre, dont le but
est d¹assassiner des passants innocents dans les rues, des gens venus
échanger au restaurant un argent durement gagné contre de la nourriture, des
femmes étrangères qui ont fait des milliers de kilomètres pour apporter un
peu de soutien à leurs familles, des personnes âgées qui ont décidé de
sortir de chez eux ce jour-là pour faire une promenade. Des gens que les
assassins ne connaissaient absolument pas, mais à la vie desquels ils se
sont autorisés à mettre fin. Des gens qui n¹avaient rien fait de mal.
Philosophie de la lâcheté, aussi. Si quelqu¹un veut combattre l¹occupation,
qu¹il s¹attaque à l¹armée d¹occupation, pas à des innocents dans la rue !
Du point de vue de la société palestinienne, c¹est une philosophie de
l¹autodestruction. Ceux qui ont envoyé ce jeune homme se faire exploser à
Tel-Aviv ont frappé leur propre peuple, de plusieurs manières. Ils tuent ce
jeune Palestinien et apportent le deuil à une famille dont le monde est
désormais dévasté. Et ce qui se dit des mères palestiniennes (qui soi-disant
glorifieraient le suicide de leurs enfants) est faux. Aucune mère ne
souhaite voir mourir son fils. Ils suscitent une réaction israélienne qui
frappe la famille, le village, les villages voisins, et peut-être le peuple
palestinien tout entier. Ils nourrissent chez les jeunes Palestiniens la
culture de la mort et non celle de la vie. Le résultat de cette éducation,
ce sera moins d¹espoir, moins d¹investissement dans les études et dans les
activités culturelles et scientifiques, moins d¹amour et davantage de haine.
En conséquence, tout Palestinien patriote doit condamner cet attentat et le
considérer comme du terrorisme anti-palestinien.
Il est clair que cela n¹exonère pas le gouvernement israélien et son armée
de sa part de responsabilité dans ce massacre. Leur comportement a
grandement contribué à augmenter le niveau du désespoir et de l¹aveuglement
qui créent cette armée toujours grandissante de kamikazes. Le terrorisme a
toujours ses raisons. Il est le résultat de l¹oppression qui dure depuis des
dizaines d¹années. Les Palestiniens sont désespérés. Ils sont sans cesse
victimes de punitions collectives et d¹humiliations qui ne connaissent
aucune limite. Du côté palestinien, il y a aussi des innocents qui meurent :
enfants, bébés, femmes, vieillards, des gens ordinaires qui se font tuer
sans avoir rien fait de mal. Pour chaque Israélien innocent tué, environ
quatre Palestiniens sont tués. Mais l¹argument du désespoir causé par les
actions israéliennes ne justifie pas le terrorisme. On ne peut pas justifier
le terrorisme. Cela dit, l¹impact de ces actions et leur contribution au
terrorisme ne peuvent être ignorées.
Israël doit, lui aussi, se débarrasser de cette philosophie de la mort, qui
ne s¹exprime pas par des attentats terroristes, mais par le bombardement de
la bande de Gaza, les fouilles de maisons, les assassinats ciblés (qui ne
sont jamais que des exécutions sans jugement), les arrestations de masse
(1.200 détentions administratives non motivées), les barrages routiers, les
bouclages, les humiliations, etc.
En tant que personne qui croit que les citoyens de son pays, les Israéliens,
et les Palestiniens, son peuple, vivront dans la paix, la sécurité et la
prospérité, j¹implore que soit changée du tout au tout cette politique
agressive qui n¹apporte que la destruction totale aux deux côtés.
(1) Citoyen arabe israélien, Nazir Majali est spécialiste des affaires
israéliennes pour plusieurs chaînes de télévision arabes et pour le
quotidien londonien en langue arabe Asharq Al Awsat.
publié par David CASTEL dans: Peace in Middle East
Rencontre avec Zeev Sternhell, professeur à l'Université hébraïque de
Jérusalem lundi 24 avril à 20h 30 au CBL 10 rue St Claude à Paris 75003.
Prévoir une Participation aux Frais pour ceux d'entre vous qui n'êtes pas
à jour de leur cotisation.
Zeev Sternhell est membre fondateur de Shalom Arshav (La Paix Maintenant).
Il est spécialiste de l'histoire du fascisme, en particulier de ses racines
françaises, et auteur de nombreux livres, dont "Ni droite ni gauche,
l'idéologie fasciste en France" et "La droite révolutionnaire, 1885-1914".
Nous avons publié plusieurs articles de Zeev Sternhell, dont la liste est
consultable à : http://www.lapaixmaintenant.org/auteur19
publié par David CASTEL dans: Peace in Middle East
Les partis arabes représentés à la Knesset (10 députés cette année) ne
sont jamais évoqués lorsqu'il s'agit de former une coalition
gouvernementale, pour des raisons diverses qui tiennent à un côté comme à
l'autre. Jamais, sauf en une occasion, qui a laissé de bons souvenirs : la
collaboration entre Itzhak Rabin et les partis arabes d'alors, emmenés par
Toufik Zayad. Nazir Majali propose de renouveler l'expérience]
http://www.haaretz.com/hasen/spages/702369.html
Ha'aretz, 4 avril 2006
par Nazir Majali (1)
Trad. : Gérard pour La Paix Maintenant
La période de négociations qui précède la formation d'un nouveau
gouvernement constitue une chance en or pour que change le statut des
citoyens arabes israéliens, pour leur bien et pour le bien d'Israël. Les
inclure dans les pourparlers, avec des intentions sincères et honnêtes,
pourrait provoquer un changement réel, historique peut-être, dans les
relations entre Juifs et Arabes dans ce pays, et dans l'attitude des
Arabes envers l'Etat, et aurait des répercussions sur les relations entre
Israël et ses voisins.
Dans l'état actuel des choses, l'idée d'incorporer les partis arabes dans
la coalition et dans le gouvernement - quel que soit le gouvernement,
même s'il est dirigé par Amir Peretz - est loin d'être considérée comme
une option possible. Et la réticence existe des deux côtés. Les deux
grands partis (Kadima et Parti travailliste, ndt) ne prennent même pas
cette option en considération, soit par pragmatisme, soit pour des raisons
tactiques (crainte d'être représenté par la droite comme un parti qui
formerait un gouvernement qui dépendrait du vote des Arabes), soit encore
pour des "raisons de sécurité".
Ehoud Olmert a défini cette position d'une manière bien connue en
déclarant : "Il y a de la place dans ma coalition pour tous les partis
sionistes."
Les partis arabes sont atteints du même syndrome. Ils n'envisagent pas
d'être associés à une coalition, et pour des raisons qui n'ont pas
seulement trait à l'appel collectif qu'ils avaient lancé de ne pas voter
pour les partis sionistes. Certains craignent de faire partie d'un
gouvernement qui pratiquerait l'occupation et les assassinats ciblés,
d'autres pensent qu'une participation au gouvernement irait à l'encontre
de leurs intentions d'aliéner les citoyens arabes par rapport à l'Etat.
Mais les Arabes israéliens, d'après toutes les études menées depuis
plusieurs années, souhaitent leur intégration à l'Etat d'Israël. 96% des
habitants d'Oum al-Fahm refusent que leur ville soit rattachée à un futur
Etat palestinien. Une large majorité des Arabes qui habitent la région du
"Triangle" s'oppose avec force au plan d'échange territorial d'Avigdor
Lieberman concernant des localités arabes qui ont déclaré sans équivoque
leur allégeance à l'Etat d'Israël (2). Les Arabes d'Israël, qui tous sont
en faveur d'une solution à deux Etats sur la base des frontières de 1967,
ont lié leur destin à celui de l'Etat, et ne voudront pas vivre dans un
autre pays. Qu'Israël les paye de retour serait un signe d'espoir en la
possibilité de coexister dans une relation de partenariat plein et entier.
Qu'est-il possible de faire dans les circonstances présentes? En 1992, il
n'y avait que deux partis arabes à la Knesset : Hadash, dirigé par Toufik
Zayad, et le Parti démocratique arabe, dirigé par Abdoulwahab Darawshe.
Leur coopération avec le Premier ministre d'alors Itzhak Rabin a permis la
formation d'un bloc parlementaire qui empêcha la droite de renverser le
gouvernement. Zayad et Darawshe avaient signé un accord avec le Parti
travailliste, accord qui était un accord de coalition à tous égards. Ce
partenariat fut un succès. La situation des Arabes israéliens s'améliora
significativement, et ils commencèrent à se sentir partie intégrante de
l'Etat. Rabin fut accueilli avec enthousiasme dans les localités arabes,
et le gouvernement tint la plupart de ses engagements.
Zayad lui-même avait déclaré à plusieurs reprises dans des interviews que
le moment était venu d'être des partenaires. Cette déclaration, aucun
leader arabe en Israël n'oserait la faire aujourd'hui. Zayad et Darawshe,
qui avaient des liens très proches avec Yasser Arafat, savaient que grâce
à ce partenariat, ils ne servaient pas seulement leur électorat, mais
aussi la paix, et donc les intérêts des deux peuples.
De son côté, le gouvernement Rabin avait compris qu'au delà du bénéfice
qu'Israël en retirerait en termes d'image, le partenariat avec les Arabes
d'Israêl stimulerait leur sentiment d'appartenance et modifierait de façon
spectaculaire leur attitude à l'égard de l'Etat. Un plan conséquent fut
donc lancé, dont l'objectif était de réduire le fossé qui séparait les
secteurs juif et arabe.
Avec un désir sincère des deux côtés, la même chose peut être reproduite
aujourd'hui, et même approfondie, par le moyen d'un accord, avant les
pourparlers pré-coalition, entre les partis arabes, les travaillistes et
le Meretz, ou entre les partis arabes et Kadima, les négociations devant
mener à un accord de partenariat. En elle-même, la publication d'un pareil
accord provoquerait une immense vague de soutien de l'opinion arabe et
nous ramènerait à l'époque de Zayad.
(1) Nazir Majali est spécialiste des affaires israéliennes pour plusieurs
chaînes de télévision arabes et pour le quotidien londonien en langue
arabe Asharq Al Awsat.
(2) Avigdor Lieberman, leader du parti russophone et xénophobe "Israel
Beitenou", fait depuis longtemps campagne pour un "transfert" des
populations arabes israéliennes vers un futur Etat palestinien, le plus
petit possible bien entendu, contre l'annexion de colonies juives par
Israël. La ville d'Oum al-Fahm, très proche de la ligne Verre, et la
région du "Triangle", majoritairement peuplée d'Arabes, sont
particulièrement dans le collimateur.
extraits d'une dépêche de Ha'aretz du même jour (4 avril 2006) :
Lundi, une délégation de la Liste arabe unifiée (Ra'am Ta'al) a rencontré
Amir Peretz, pour discuter d'une possible coopération sur "des questions
spécifiques concernant le secteur arabe et la société israélienne en
général", a déclaré le député Ahmed Tibi (tête de la liste Ra'am Ta'al).
Mardi, le parti Ra'am Ta'al rencontrera également Olmert pour discuter des
perspectives de mise en commun de leurs efforts.
sont jamais évoqués lorsqu'il s'agit de former une coalition
gouvernementale, pour des raisons diverses qui tiennent à un côté comme à
l'autre. Jamais, sauf en une occasion, qui a laissé de bons souvenirs : la
collaboration entre Itzhak Rabin et les partis arabes d'alors, emmenés par
Toufik Zayad. Nazir Majali propose de renouveler l'expérience]
http://www.haaretz.com/hasen/spages/702369.html
Ha'aretz, 4 avril 2006
par Nazir Majali (1)
Trad. : Gérard pour La Paix Maintenant
La période de négociations qui précède la formation d'un nouveau
gouvernement constitue une chance en or pour que change le statut des
citoyens arabes israéliens, pour leur bien et pour le bien d'Israël. Les
inclure dans les pourparlers, avec des intentions sincères et honnêtes,
pourrait provoquer un changement réel, historique peut-être, dans les
relations entre Juifs et Arabes dans ce pays, et dans l'attitude des
Arabes envers l'Etat, et aurait des répercussions sur les relations entre
Israël et ses voisins.
Dans l'état actuel des choses, l'idée d'incorporer les partis arabes dans
la coalition et dans le gouvernement - quel que soit le gouvernement,
même s'il est dirigé par Amir Peretz - est loin d'être considérée comme
une option possible. Et la réticence existe des deux côtés. Les deux
grands partis (Kadima et Parti travailliste, ndt) ne prennent même pas
cette option en considération, soit par pragmatisme, soit pour des raisons
tactiques (crainte d'être représenté par la droite comme un parti qui
formerait un gouvernement qui dépendrait du vote des Arabes), soit encore
pour des "raisons de sécurité".
Ehoud Olmert a défini cette position d'une manière bien connue en
déclarant : "Il y a de la place dans ma coalition pour tous les partis
sionistes."
Les partis arabes sont atteints du même syndrome. Ils n'envisagent pas
d'être associés à une coalition, et pour des raisons qui n'ont pas
seulement trait à l'appel collectif qu'ils avaient lancé de ne pas voter
pour les partis sionistes. Certains craignent de faire partie d'un
gouvernement qui pratiquerait l'occupation et les assassinats ciblés,
d'autres pensent qu'une participation au gouvernement irait à l'encontre
de leurs intentions d'aliéner les citoyens arabes par rapport à l'Etat.
Mais les Arabes israéliens, d'après toutes les études menées depuis
plusieurs années, souhaitent leur intégration à l'Etat d'Israël. 96% des
habitants d'Oum al-Fahm refusent que leur ville soit rattachée à un futur
Etat palestinien. Une large majorité des Arabes qui habitent la région du
"Triangle" s'oppose avec force au plan d'échange territorial d'Avigdor
Lieberman concernant des localités arabes qui ont déclaré sans équivoque
leur allégeance à l'Etat d'Israël (2). Les Arabes d'Israël, qui tous sont
en faveur d'une solution à deux Etats sur la base des frontières de 1967,
ont lié leur destin à celui de l'Etat, et ne voudront pas vivre dans un
autre pays. Qu'Israël les paye de retour serait un signe d'espoir en la
possibilité de coexister dans une relation de partenariat plein et entier.
Qu'est-il possible de faire dans les circonstances présentes? En 1992, il
n'y avait que deux partis arabes à la Knesset : Hadash, dirigé par Toufik
Zayad, et le Parti démocratique arabe, dirigé par Abdoulwahab Darawshe.
Leur coopération avec le Premier ministre d'alors Itzhak Rabin a permis la
formation d'un bloc parlementaire qui empêcha la droite de renverser le
gouvernement. Zayad et Darawshe avaient signé un accord avec le Parti
travailliste, accord qui était un accord de coalition à tous égards. Ce
partenariat fut un succès. La situation des Arabes israéliens s'améliora
significativement, et ils commencèrent à se sentir partie intégrante de
l'Etat. Rabin fut accueilli avec enthousiasme dans les localités arabes,
et le gouvernement tint la plupart de ses engagements.
Zayad lui-même avait déclaré à plusieurs reprises dans des interviews que
le moment était venu d'être des partenaires. Cette déclaration, aucun
leader arabe en Israël n'oserait la faire aujourd'hui. Zayad et Darawshe,
qui avaient des liens très proches avec Yasser Arafat, savaient que grâce
à ce partenariat, ils ne servaient pas seulement leur électorat, mais
aussi la paix, et donc les intérêts des deux peuples.
De son côté, le gouvernement Rabin avait compris qu'au delà du bénéfice
qu'Israël en retirerait en termes d'image, le partenariat avec les Arabes
d'Israêl stimulerait leur sentiment d'appartenance et modifierait de façon
spectaculaire leur attitude à l'égard de l'Etat. Un plan conséquent fut
donc lancé, dont l'objectif était de réduire le fossé qui séparait les
secteurs juif et arabe.
Avec un désir sincère des deux côtés, la même chose peut être reproduite
aujourd'hui, et même approfondie, par le moyen d'un accord, avant les
pourparlers pré-coalition, entre les partis arabes, les travaillistes et
le Meretz, ou entre les partis arabes et Kadima, les négociations devant
mener à un accord de partenariat. En elle-même, la publication d'un pareil
accord provoquerait une immense vague de soutien de l'opinion arabe et
nous ramènerait à l'époque de Zayad.
(1) Nazir Majali est spécialiste des affaires israéliennes pour plusieurs
chaînes de télévision arabes et pour le quotidien londonien en langue
arabe Asharq Al Awsat.
(2) Avigdor Lieberman, leader du parti russophone et xénophobe "Israel
Beitenou", fait depuis longtemps campagne pour un "transfert" des
populations arabes israéliennes vers un futur Etat palestinien, le plus
petit possible bien entendu, contre l'annexion de colonies juives par
Israël. La ville d'Oum al-Fahm, très proche de la ligne Verre, et la
région du "Triangle", majoritairement peuplée d'Arabes, sont
particulièrement dans le collimateur.
extraits d'une dépêche de Ha'aretz du même jour (4 avril 2006) :
Lundi, une délégation de la Liste arabe unifiée (Ra'am Ta'al) a rencontré
Amir Peretz, pour discuter d'une possible coopération sur "des questions
spécifiques concernant le secteur arabe et la société israélienne en
général", a déclaré le député Ahmed Tibi (tête de la liste Ra'am Ta'al).
Mardi, le parti Ra'am Ta'al rencontrera également Olmert pour discuter des
perspectives de mise en commun de leurs efforts.
publié par David CASTEL dans: Peace in Middle East
prédit, tôt ou tard, une explosion de rage des Palestiniens. Le confort,
auquel aspirent légitimement les Israéliens, "ne s'obtient pas aux dépens
d'une autre nation"]
http://www.haaretz.com/hasen/spages/702535.html
Ha'aretz, 5 avril 2006
par Amira Hass
Trad. : Gérard pour La Paix Maintenant
Pour présenter le plan de "convergence" (1) à l'opinion occidentale comme
une énorme concession digne de louanges, il faut exagérer le soutien des
Juifs israéliens au "Grand Israël". Or, si le Grand Israël avait vraiment
été la principale priorité des citoyens juifs israéliens, il y aurait eu
bien plus que les 10.000 colons dans la Vallée du Jourdain, des dizaines
de milliers de gens se seraient précipités pour agrandir Maale Ephraïm et
les colonies agricoles, et les lumières à l'Est du Grand Israël
brilleraient et scintilleraient autant que celles de l'Ouest de la
Jordanie.
Durant les années Oslo, comme ces dernières années, Israël s'est assuré
que cette zone immense soit bloquée pour tout développement palestinien,
et largement ouverte au développement israélien. Et les conditions de vie
relativement difficiles (chaleur, éloignement par rapport au centre du
pays) n'aurait pas dissuadé les masses israéliennes. Si chaque pouce de
terre du Grand Israël avait vraiment suscité une attraction et une émotion
chez les citoyens juifs d'Israël, ceux-ci n'auraient pas eu besoin des
avantages qui leur ont été proposés pour vivre dans les territoires
conquis en 1967. Ils seraient partis coloniser les lointaines collines, et
ils ne se seraient pas contentés des colonies "à 5 minutes de Kfar Saba".
Ils n'auraient pas eu besoin de ces publicités qui vantaient ces jolies
villas de plain-pied. Au contraire, ils auraient encouragé l'Etat et les
entrepreneurs à construire des immeubles d'appartements. Il n'y aurait pas
aujourd'hui 420.000 colons (en comptant ceux de Jérusalem Est occupée),
mais deux millions.
Ce qui a attiré les Juifs israéliens (et qui en a fait des délinquants
vis-à-vis du droit international), ce n'est pas chaque pouce de la terre
sainte, mais la promesse d'une vie confortable garantie par la suprématie
militaire d'Israël, de logements spacieux à bon marché et d'excellentes
infrastructures. Toutes choses qui étaient indisponibles à l'intérieur de
l'Etat d'Israël. Cette convergence, donc, ce sont des frontières tracées
par les aspirations au confort de l'Israélien moyen.
Ces aspirations seraient d'ailleurs toutes naturelles si elles n'étaient
pas aux dépens des Palestiniens, en tant que personnes et en tant que
peuple. Mais les Israéliens moyens, y compris ceux qui ne sont pas des
colons, ne se soucient pas de choses triviales comme le droit
international, les valeurs morales fondamentales ou le bien-être des
Palestiniens. Et ce sont précisément les "blocs de colonies" et la zone
tampon entre la ligne Verte et la barrière de séparation qui coupent la
Cisjordanie en tronçons, accapare les ressources en eau et le terres
fertiles, séparent les communautés palestiniennes les unes des autres et
font obstacle à toute continuité, géographique et démographique. Le
contrôle par Israël de ces zones, qu'il s'agisse de 28% de la Cisjordanie
ou de "seulement" 13,5%, a causé et causera encore des dommages
irréversibles à la société palestinienne. Mais cela n'inquiète pas outre
mesure les Israéliens moyens et leurs élus, qu'ils soient de Kadima, du
Parti travailliste ou des retraités. Tous ces faits échappent à leur
conscience et sont enterrés, comme les centaines de villages palestiniens
qui ne sont pas mentionnés sur les panneaux de signalisation des
autoroutes réservées aux colons.
La sécurité est un élément constitutif d'une vie agréable. Et ceux qui
aiment la prospérité aux dépens d'autres croient probablement que la
"convergence" leur apportera la sécurité. Il est raisonnable de penser que
les habitants des blocs de colonies continueront à se sentir à l'aise et
en sécurité derrière les différentes sortes de fils barbelés, de murs de
béton et de portails fermés, et à ignorer le rôle qu'ils jouent dans ce
vol. Mais les Palestiniens, pour invisibles qu'ils soient, voient et
ressentent les choses. En Israël, on compte sur la résignation des
Palestiniens face au vol et à la discrimination, résignation née de
l'habitude, de l'isolement sur le plan international et de la force
militaire israélienne.
Mais il est illusoire de croire (comme à l'époque d'Oslo) que les
Palestiniens accepteront de voir les colonies se développer, d'être
expulsés de leurs terres et de se voir imposer des limitations
draconiennes dans leur liberté de déplacement. L'explosion qui s'est
produite fin septembre 2000 a été provoquée par la contradiction entre les
promesses de paix et la réalité de l'occupation et de la colonisation. Le
plan de convergence, qui cristallise la violence de l'occupation dans des
zones à forte population palestinienne, provoquera et augmentera encore
chez les Palestiniens trois sortes de rage : une rage nationale, due au
sabotage du projet d'indépendance et de développement de l'Etat
palestinien ; la rage économique de centaines de milliers de Palestiniens
qui ont perdu leurs terres, leurs biens et leurs moyens d'existence au
profit des Juifs qui prospèrent de l'autre côté des fils barbelés ; et la
rage religieuse de ceux qui se tournent vers le Coran et Allah qui leur
expliquent que c'est la nature des Juifs.
Les partisans et les concepteurs du plan de convergence se trompent s'ils
pensent que toutes ces formes de rage n'exploseront pas, ou qu'il sera
toujours possible de les réprimer. Il est bien sûr difficile de prédire
quand et comment cette rage explosera, mais tôt ou tard, elle reviendra,
et réduira à néant le rêve d'un confort qui s'obtiendrait aux dépens d'une
autre nation.
(1) "convergence" traduit assez mal le mot hébreu "hitkansout", qui
signifie plutôt le fait de se réunir (entre soi). Derrière ce mot, il y a
l'idée d'évacuer les colons qui se trouvent au-delà du Mur de séparation
et de les installer dans les gros blocs de colonies (Maale Adoumim, Ariel,
Goush Etzion) qui seraient annexés dans le cadre de la fixation
unilatérale par Israël de ses "frontières définitives". Le mot de
"convergence" étant utilisé par toute la presse, nous l'emploierons donc,
malgré nos réticences (ndt).
--------------------------------
Shalom Arshav (La Paix Maintenant) a saisi ce jour (5 avril 2006) la Haute
cour de justice et lui demande d'ordonner l'évacuation de 6 colonies
sauvages : Ramat Gilad, Givat Assaf, Ma'aleh Rehavam, Mitzpeh Lakhish,
Givat Haro'eh, and Mitzpeh Itzhar. En réalité, Shalom Arshav demande à la
cour de confirmer une décision précédente qui concernait la colonie
sauvage d'Amona. La Haute cour avait ordonné son évacuation, et
l'application de cette décision par la police avait entraîné de violentes
émeutes.
Cf. (entre autres) :
"La Haute cour donne son feu vert à l'évacuation d'Amona"
http://www.lapaixmaintenant.org/article1219
"Première action en justice de Shalom Arshav contre un avant-poste en
Cisjordanie" http://www.lapaixmaintenant.org/article1094
"Amona er le 'Hamas juif' : http://www.lapaixmaintenant.org/article1221