Sortie opportune

Publié le par david castel

 
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Manif pendant les JO de Munich. Dans la débandade générale, chacun chercha à protéger ses intérêts.
Un jour en septembre
Sortie opportune d'un documentaire sur la prise d'otages.

Plus de trente ans après, le mérite de ce film (oscar du meilleur documentaire... en 1999) est de démêler les tenants et les aboutissants de cet événement tragique, plus embrouillé qu'il n'y paraît. Rappelons les faits : à l'aube du 5 septembre 1972, au cœur du village olympique, un commando de Palestiniens prend en otages onze athlètes israéliens, exigeant la libération de deux cent trente-six prisonniers politiques. Le soir même, après une vingtaine d'heures de tractations, la totalité des otages ainsi que cinq terroristes meurent dans une fusillade confuse, sur la base aérienne militaire de Munich.

Retracer, comme dans un thriller, le déroulement et les rebondissements de cette journée, c'est le but recherché par Kevin Macdonald. Le réalisateur britannique s'appuie sur des documents (photos, images d'archives) et des témoignages recueillis auprès de témoins directs – dont un membre du commando qu'il a retrouvé ! – ou de proches de disparus. Du montage heurté à la musique dopante (de Led Zeppelin à Craig Armstrong), tout est réuni pour un compte à rebours captivant. Par souci d'objectivité (ou refus de prendre position ?), le réalisateur prend en compte le point de vue de tous ceux qui étaient présents sur place, Palestiniens et Israéliens bien sûr, mais aussi organisateurs des jeux Olympiques, journalistes, hommes politiques allemands, etc.

On découvre un théâtre violent, grotesque, parfois indécent, et surtout une débandade généralisée où chacun défend piteusement son pré carré. Ce jour noir marque aussi un double avènement : celui du terrorisme moderne, l'acte spectaculaire qui frappe tous les esprits, et celui d'une nouvelle télévision, avide de sensationnel, qui agit sur ce qu'elle filme – on découvre notamment comment le projet d'une prise d'assaut échoue lamentablement à cause des images diffusées sur le petit écran. Personne ne sort grandi de l'affaire, et surtout pas les autorités allemandes, qui furent terriblement inconséquentes face au drame. C'est sur ce terrain-là que l'enquête est la plus mordante. En élargissant le champ de la culpabilité, Un jour en septembre montre la prise d'otages de Munich comme la fin d'une certaine innocence.


Jacques Morice
Mercredi 25 Janvier 2006


Un jour en septembre - Kevin MacDonald
Royaume-Uni, 2000 - 92 min
cinéma/cinéaste/film/films/art/culture/société/magazine/mp3

Le documentaire de Kevin MacDonald sur la prise en otages meurtrière de dix athlètes israéliens aux JO de 1972 sort en salles opportunément, au même moment que Munich de Spielberg, sur le même thème. Si Un jour en septembre séduit par son rythme, il déçoit par sa documentation insuffisante et son côté larmoyant.


-  Lire la chronique de Munich (Steven Spielberg, 2005)

Avant le film, pendant le film, sur l’affiche du film, il y a d’abord cette image : cette silhouette mince, ténue, dans un sous-pull jaune à col roulé, et ce visage encagoulé. Cet homme qui ouvre la fenêtre de l’appartement et se penche, regarde, referme, ouvre encore, négocie, fume une cigarette, toise, puis referme. Devant lui, les caméras du monde entier, les familles, les athlètes, les membres de la police allemande attendent. Derrière lui, dix otages israéliens ligotés - un est déjà mort.

Sans doute à jamais les vingt-et-une heures que durèrent la prise d’otage des JO de Munich et la tuerie qui s’en suivit, sont-elles concentrées dans cette image-là : un visage que l’on ne voit pas, une cagoule aux yeux percés. Une seule image et déjà, une contradiction : est-il possible que cet homme à la silhouette gracile ait pu braver le monde occidental ? C’est possible, c’est arrivé « pour de vrai » le 5 septembre 1972 au 31 Connollystrasse.

C’est l’histoire de Munich en 1972, alors que l’Allemagne fédérale de Willy Brandt, à nouveau démocratique, déjà en prise avec la FAR de Baader, tient à effacer les images de 1936 pour montrer au reste du monde que la page est tournée. Mais aux photographies de Leni Riefenstahl succèderont celles de Raymond Depardon, alors photographe de presse. Images déconcertantes de la perplexité des responsables allemands face au « problème » ; des membres de la police bavaroise qui semblent tout droit sortis d’un film de Chabrol ; les autorités bedonnantes, ennuyées face à Issa, le leader palestinien cagoulé.

Soulignement partisan de la souffrance
De la projection de Un jour en septembre demeure d’abord cet effroi : « Ça s’est produit comme ça ». La violence, la lâcheté, le gâchis, les arrangements internationaux. Une journée qui éclaire sur le fonctionnement du monde. Mais c’est là que le film se perd : à vouloir trop embrasser, il mal étreint. Sentiment indigeste dû justement au déséquilibre de l’investissement. D’un côté un rythme haletant, une bande-son qui colle des frissons (Immigrant Song de Led Zeppelin, Child in Time de Deep Purple), un montage habile, une réalisation ultra-soignée, un travail de recherche des témoins qui force le respect (Kevin MacDonald, Arthur Cohn et John Battseck ont non seulement réussi à convaincre l’ancien chef du Mossad Zvi Zamir et l’ancien chef de la police munichoise Manfred Schreiber, mais aussi et surtout Jamal Al Gashey, l’unique terroriste palestinien survivant, caché quelque part en Afrique). De l’autre côté, cependant, un manque d’informations criant sur le contexte géopolitique de l’époque et sur les relations arabo-allemandes d’alors.

En contrepoint à ce déficit, la volonté toute assumée, toute partisane du réalisateur de souligner la tristesse des familles israéliennes, le bonheur fauché, le deuil infini : ainsi la dernière séquence du film vient-elle tout saper, où la fille d’Ankie Spitzer rend visite à son père au cimetière... Balade que rien au monde ne justifiait : aux yeux du réalisateur, l’effroi ressenti ne suffirait donc pas à ce « thriller documentaire » (expression de Kevin Mac Donald lui-même) ?

Ici, le soulignement partisan de la souffrance des victimes apparaît au mieux comme indigeste, au pire comme indécent. Sans doute aurait-il été plus pertinent de conclure sur la séquence de la cérémonie donnée le 6 septembre dans le grand stade, où 80 000 personnes se rassemblèrent autour des violonistes en hommage aux sportifs assassinés. Seuls certains athlètes soviétiques et arabes refusèrent d’y assister, préférant continuer à s’échauffer.

(GIF)

Un jour en septembre
Un documentaire de Kevin Mac Donald
Royaume-Uni, 2000
Durée : 1h32
Avec la voix de Michael Douglas
Sortie salles France : 25 janvier 2005

[Illustrations : © Memento Films, Un jour en septembre]


Sophie Berdah

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Mardi 24 Janvier 2006
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L'ALGERIE DES ADIEUX. Par Serge Groussard. 1972.
  1,90 EUR
Lundi 23 Janvier 2006

Paris, 7 décembre 1972. Marie-Claude Hamshari sort à peine de son immeuble avec sa petite fille pour aller à l'école quand une violente explosion laisse les passants pétrifiés. Son mari, le palestinien Mahmoud Hamshari vient d'être grièvement blessé après avoir décroché son téléphone : un détonateur à distance a actionné une bombe placée sous une latte de plancher de son appartement. Il mourra un mois plus tard...

Beyrouth, le 9 avril 1973. Un couple d'amoureux déambule tranquillement rue de Verdun. En fait un vrai couple d'exécuteurs. La jeune femme en jupe longue s'appelle Ehud Barak, lieutenant-colonel de l'armée israélienne. Il deviendra Premier Ministre d'Israël. Le grand jeune homme amoureux, c'est Mouki Betzer, membre des commandos d'élite de Tsahal.

À une heure du matin, ils pénètrent dans un immeuble et abattent trois palestiniens. Tard le soir le 8 juin 1992 à Paris, Atef Bseisso, un palestinien de 44 ans, sort avec un couple libanais d'un restaurant à Montparnasse. Deux hommes le plaquent sur la voiture qui le raccompagne et l'abattent de trois balles dans la tête. Ces 3 meurtres font partie d'une série de 13 assassinats perpétrés par les services israéliens pendant 20 ans dans le monde entier, de Rome à Tunis, en passant par Paris, Athènes, Lillehammer, Nicosie et Beyrouth...

Ces 13 assassinats de palestiniens ont tous un dénominateur commun : La vengeance. Tous ces assassinats auraient été décidés au lendemain du massacre des jeux olympiques de Munich en 1972, lorsque Golda Meir, alors Premier ministre israélien, a promis que Munich ne resterait pas impuni. Nul ne sait en fait avec précision combien Golda et ses conseillers ont listé de noms. Quoi qu'il en soit, le massacre de Munich deviendra le mobile d'une guerre secrète visant en fait les dirigeants palestiniens.

C'est l'histoire de cette vengeance que retrace ce documentaire, à travers les témoignages de Shimon Pérès, Ytzhak Shamir et Ehud Barak, tous trois Premier Ministre d'Israël, mais aussi de Ygal Carmon, conseiller à la lutte anti-terroriste, Aharon Yariv, conseiller de Golda Meir, Rafi Etan, agent du Mossad, Asher Susser, historien à l'Université de Tel-Aviv, Abou Daoud, Septembre noir, Chuck Cogan, directeur du département Moyen Orient de la CIA, Leila Khaled, du FPLP, Georgina Risk, veuve d'Ali Hassan Salameh, Karim Pakradouni, des Forces libanaises, et Bassam Abou Sharif, conseiller de Yasser Arafat.

Auteur(s) : Arnaud Hamelin, Emmanuel François
Réalisation : Emmanuel François
Produit par : Arnaud Hamelin
Production : Sunset Presse, France 3, Time TV

Année : 2001
Versions disponibles : française, anglaise
Support de Tournage : Beta sp

Finaliste aux International Emmy Awards 2001
Médaille de Bronze / 44th International New-York Film Festivals - catégorie Documentaires & Société

Visitez : www.sunsetpresse.fr

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Lundi 23 Janvier 2006
  • Lundi 23 Janvier 2006


Sortie : le 25 Janvier 2006 - Distributeur : Memento Films

Film américain réalisé par Kevin Macdonald - Documentaire - 1h32

Avec : Michael Douglas, ...

Site officiel : NC

L’histoire : 1972. Jeux Olympiques de Munich. 121 nations, 7 123 athlètes. Pour la première fois, les chaînes de télévision du monde entier sont là pour retransmettre en direct l’évènement.

Des millions de spectateurs découvrent bientôt l’impensable : un groupe de terroristes palestiniens vient de prendre en otage onze athlètes israéliens et exige la libération de 200 prisonniers politiques.

Démarre alors un infernal compte à rebours... 30 ans plus tard, de nombreux témoins, dont l’un des terroristes rescapés, éclairent d’une lumière nouvelle cet évènement.

Notre avis : Pas encore vu.

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Publié dans Munich Selon Spielberg

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