Cinquième jour de calme précaire au Nord-Kivu

Publié le par david castel


Un calme précaire continuait à régner vendredi après-midi dans le Nord-Kivu (est de la République démocratique du Congo), cinq jours après l'arrêt des violents combats qui opposaient depuis fin août l'armée régulière congolaise et les troupes du général mutin Laurent Nkunda, a-t-on indiqué de source militaire congolaise.

"Plus aucun affrontement majeur n'a été enregistré depuis dimanche", jour de l'arrivée du président congolais Joseph Kabila à Goma, a indiqué le commandant des opérations de la 8ème région militaire (qui couvre la province du Nord-Kivu), le colonel Delphin Kahimbi. Il a assuré que les dernières opérations des Forces armées de la RDC (FARDC) contre les troupes du général déchu Nkunda - un Manyamulenge (tutsi congolais) - lui avaient infligé de lourdes pertes. "Rien qu'hier (jeudi), nous avons recueilli 75 déserteurs" venus des rangs nkundistes, a assuré le colonel Kahimbi en marge d'une visite-éclair du ministre belge de la Défense, André Flahaut, à Goma, le chef-lieu de la province.

Nkunda ne dispose plus que de 3.000 hommes, a ajouté l'officier, alors que de précédentes estimations faisaient état de 5.000 à 6.000 insurgés. Le commandant de la 8ème région militaire, le général Vainqueur Mayala, s'est quant à lui dit confiant dans la défaite de Nkunda, alors que le gouvernement de Kinshasa semble toujours hésiter à lancer une offensive de grande envergure contre les insurgés, regroupés dans la région du Masisi, à une trentaine de kilomètres au nord-ouest de Goma. Les FARDC ont pourtant déployé plus de 15.000 hommes dans la région - et même davantage selon un expert militaire occidental, qui a fait état par exemple du transfert vers le Nord-Kivu de deux bataillons de la 7ème brigade, casernée près de Kinshasa.

Les combats de la semaine dernière ont permis à l'armée régulière de reprendre du terrain aux insurgés, qui s'opposent toujours à leur intégration au sein des FARDC. Ils ont aussi fait quelque 650.000 à 700.000 déplacés, selon l'ONU, plus qu'au Darfour. Kinshasa avait au départ donné jusqu'au 15 octobre aux hommes de Nkunda pour rendre les armes et adhérer au programme national de réforme de l'armée, le "brassage" avec d'autres éléments fournis par les anciens belligérants de la dernière guerre en RDC (1998-2003). Mais la visite à Goma du président Kabila paraît avoir redonné ses chances à une solution négociée pour l'intégration des soldats tutsis de Nkunda au sein de l'armée régulière, après l'échec d'une première formule, le "mixage - qui consistait à mêler pour une moitié des unités des FARDC à des troupes fidèles à Nkunda.

Le général dissident exige désormais l'ouverture de négociations avec Kinshasa et la fin de la collaboration, qu'il présente comme un fait accompli, malgré les démentis officiels, entre les FARDC et les Forces démocratiques pour la Libération du Rwanda (FDLR), les rebelles hutus rwandais réfugiés dans l'est de la RDC depuis la fin du génocide rwandais de 1994. Le sort du général Nkunda, visé par un mandat d'arrêt international pour des "crimes de guerre" commis par ses hommes lors de la brève prise de la ville de Bukavu (Sud-Kivu, est) en juin 2004, pourrait être l'exil, en échange de garanties d'un abandon des poursuites à son égard.

Le général Nkunda Batware est un de ces Banyamulenge (Tutsis congolais) d'ascendance rwandaise. Ancien sergent de l'armée rwandaise (APR) du président Paul Kagamé, il se pose en défenseur de la minorité rwandophone vivant dans l'est de la RDC. Il a pour ce faire créé une structure politique, le Conseil national du peuple (CNDP). (belga)

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